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Coordinateur Technique de l'ADIE
Chef de Projet Smart City « Ville Sure » du programme Smart Sénégal
Chef de Projet PASSANT (Projet d’Appui Structurel à la Stratégie d’Aménagement Numérique du Territoire)
D’un point de vue anthropologique, nous sommes actuellement à la troisième « évolution » de l’humain et à la troisième révolution industrielle.
La première évolution correspond à notre façon d’évoluer avec les êtres vivant dans notre écosystème naturel.
La deuxième évolution, amorcée depuis l’homo erectus, fait interagir notre biologie au sens large avec nos inventions techniques et leurs usages, ce qui change nos gènes, modifie extrêmement et rapidement notre physiologie et notre rapport à la société. Cet état de fait a d’abord conduit à la première révolution industrielle avec la création de la machine à vapeur apparu au 18éme siècle ; transformant au passage les modes de locomotion, puis à la deuxième révolution apparue au début du 20éme siècle avec l’arrivée de l’électricité et du pétrole.
A présent, nous vivons la troisième évolution avec le numérique qui correspond à la troisième révolution industrielle apparue vers la fin du 20ème siècle avec le développement des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC).
De l’homo faber à l’homo sapiens, nous voici maintenant à l’ère de l’homo numericus ; une étape du développement de l’humanité où l’activité humaine s’organise autour des technologies et des outils numériques.
Cette transformation digitale de l’humain et de ses habitudes, même si on n’y prête pas attention, est devenue une scène banale de la vie contemporaine lorsque les individus dans une file d’attente, dans un restaurant, dans les transports en commun, ou même en groupe…, ont tous les yeux rivés sur leurs objets connectés (téléphones, smart watchs, tablettes…). Ils lisent les nouvelles, jouent au dernier jeu à la mode ou écument les réseaux sociaux.
Ce qui prouve que, nous sommes presque tous devenus des Homo numericus, une espèce connectée en permanence, ne voulant plus rien manquer de ce qui se passe dans le monde et sur les réseaux sociaux.
De nos jours, les téléphones et tout l’écosystème des applications sont conçus à l’image des machines à sous. Ils monopolisent notre attention et agissent directement sur notre système de récompense. Ils évoquent les mises à jour constantes, les alertes à toute heure du jour ou de la nuit, le caractère infini du fil des réseaux sociaux sur lesquels on peut passer des heures et des heures sans jamais arriver à bout.
A cet effet, nous constatons que les applications mobiles et la ludification de notre environnement renforcent de plus en plus notre conduite. De ce fait, le monde numérique est devenu beaucoup plus puissant que la télévision, qui ne peut pas agir directement sur les comportements des téléspectateurs.
Le numérique nous procure, à travers les réseaux sociaux et les plateformes numériques (e-business, e-commerce, e-marketing, les jeux, le Mobile Banking, le Mobile Paiement …), de petites décharges régulières de dopamine ; l’hormone associée au plaisir. D’ailleurs, le fondateur d’Apple, Steve Jobs, avait bien compris le potentiel addictif de ces technologies et empêchait ses enfants de les utiliser.
C’est ainsi que le numérique a envahi nos vies : pour communiquer, s’informer, étudier, se divertir, jouer, consulter, travailler, acheter et vendre.
Cette révolution numérique, par le biais des smartphones, des réseaux sociaux ou encore de l’internet des objets en pleine croissance, fait donc profondément évoluer nos pratiques, s’immisçant aussi bien dans la sphère publique que dans l’intimité des personnes.
Le constat de la domination écrasante des plateformes américaines GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft – GAFAM) et chinois (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi – BATX) à l’échelle mondiale, doit pousser les Européens et les Africains à s’interroger davantage sur les conséquences économiques, sociales et environnementales de cette hégémonie ainsi que sur son impact politique.
L’Afrique doit sortir de son état de nain face à la puissance de ces géants américains et asiatiques. D’où, l’interrogation sur la confiance numérique, sur la souveraineté de ces gros volumes de données transférées dans d’autres continents sans aucun contrôle.
Cet examen sérieux de réflexion, est loin d’être une remise en cause d’Aristote : « l’homo sapiens et l’homo numericus demeurent des animaux politiques ».